Cameroun : Les Avocats Protestent contre les Violences Policières
- Excelsior INFO
- 7 mars
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Au Cameroun, une action de protestation a secoué les tribunaux ce mercredi. Les avocats du pays ont suspendu leur activité en signe de solidarité et de protestation contre les violences policières dont leur profession fait l'objet. En effet, les avocats ont déserté les prétoires pendant trois jours pour dénoncer les abus récurrents des forces de l'ordre à leur égard.
Cette initiative a été prise à l'instigation du Conseil de l'Ordre des avocats, qui a exprimé son indignation face aux "violences physiques, barbaries et autres traitements humiliants" que subissent de manière récurrente les avocats de la part des autorités policières. Le bâtonnier de l'Ordre, Mbah Eric Mba, a dénoncé deux incidents particulièrement choquants. Le premier a eu lieu samedi, lorsqu’une vidéo a circulé sur les réseaux sociaux montrant des policiers infligeant des violences physiques à un avocat. Le lendemain, le Conseil a été informé d'un autre incident dans lequel un avocat avait été séquestré par des forces de l'ordre pour avoir dénoncé des violations des droits de ses clients".
Face à ces agissements, le Conseil de l'Ordre a pris une décision forte « engager des poursuites judiciaires pour que les auteurs puissent répondre de leurs actes ». Il a également appelé les avocats à se mobiliser pour dénoncer cette dérive. À Yaoundé, la capitale, plusieurs tribunaux sont restés fermés, comme l’a constaté l’AFP.
Ce n’est pas la première fois que les avocats camerounais expriment leur mécontentement face à des violences policières. En novembre dernier, déjà, l'Ordre avait protesté après l’agression d’un avocat à Douala, où il avait été hospitalisé après son interpellation par des gendarmes. Depuis cet incident, l'enquête n’a guère progressé, une situation déplorée par l’avocat molesté, Me Richard Tamfu, qui a indiqué que l'enquête est restée au stade des auditions.
Les agressions contre les avocats dans les unités de police et de gendarmerie semblent se multiplier, avec des témoignages alarmants sur une escalade de la violence. La semaine dernière, c'est Me Gilbert Ngawou qui a été brutalement frappé par des policiers avant d’être interpellé, alors qu’il intervenait dans un conflit foncier à Douala. Ce nouvel incident a été dénoncé par l'association cultuelle "La vraie église du Cameroun", qui a soutenu son client.
Ainsi, les avocats camerounais appellent à une prise de conscience nationale et à une réaction ferme des autorités face à ce qui devient une "dérive liberticide" dans le pays.
Léna Keïra
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