CEEAC : Réflexions des experts sur une gouvernance intégrée des frontières
- Excelsior INFO
- 12 mars
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Le 11 mars à Brazzaville, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères du Congo, Nestor Itoua, a inauguré un atelier régional essentiel pour la gouvernance intégrée des frontières en Afrique centrale. Cet atelier vise à préparer la création d’un cadre juridique et organisationnel solide pour la mise en œuvre du mécanisme de gouvernance des frontières dans la région.
Cette rencontre vise à définir les fondements d’un instrument politique et juridique intégré, étroitement lié à l'architecture institutionnelle de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC). Cet instrument permettra de préciser les attributions et les mécanismes nécessaires à la mise en œuvre de la stratégie régionale, tout en s’alignant avec les initiatives plus larges de l’Union africaine en matière de gouvernance des frontières. Une priorité de cette rencontre est d’engager les États membres sur la gestion des frontières afin de réduire durablement les conflits et les malentendus qui freinent la coopération transfrontalière et l'intégration régionale.
Durant ces deux jours de discussions, l’atelier de Brazzaville a permis d’évaluer les accords et mécanismes de coopération existants entre les pays de la CEEAC, en analysant notamment le degré d’harmonisation des législations nationales pertinentes. L’un des sujets majeurs a été l'examen des questions liées à la libre circulation des personnes et des biens, ainsi qu’au droit d’établissement et de poursuite des ressortissants des États membres dans la région. Cet atelier a également ouvert un espace de dialogue régional pour améliorer la compréhension mutuelle des défis sécuritaires auxquels sont confrontés ces pays.
Lors de son discours d’ouverture, Nestor Itoua a précisé que cet atelier était dédié à la fois à la gouvernance intégrée des frontières et à la coopération policière et judiciaire en Afrique centrale. Il a rappelé que « après avoir relevé le retard pris par la communauté dans la mise en œuvre de la coopération transfrontalière depuis la réforme institutionnelle de 2019, le Conseil des ministres a instruit la Commission d’organiser un atelier en vue de l’élaboration des instruments relatifs à la stratégie régionale de gouvernance intégrée des frontières et sur l’opérationnalisation du mécanisme de coopération policière et judiciaire en Afrique centrale. En répondant favorablement à la sollicitation de la CEEAC d’abriter ces ateliers, le gouvernement congolais a bien voulu exprimer tout l’intérêt et l’importance qu’il accorde aux thématiques inscrites à l’ordre du jour des présentes assises », a-t-il indiqué.
De son côté, le président de la Commission de la CEEAC, Gilberto Dapiendade, a rappelé que les États membres, en ratifiant le traité révisé de la CEEAC, se sont engagés à mettre en œuvre plusieurs actions importantes. Il a cité « Le développement des capacités pour la gouvernance des frontières ; la prévention des conflits, la sécurisation des espaces frontaliers et transfrontaliers ; la gestion coopérative intégrée des frontières ; la gestion des ressources et le développement intégré des zones transfrontalières ». il a également signifié que les modalités de mise en œuvre de ces actions doivent faire l’objet d’un protocole annexé à ce traité révisé. Il a précisé que « C’est ce qui fait l’objet du présent atelier de réflexion organisé avec l’appui du gouvernement de la République du Congo et conformément aux instructions de la 24e session ordinaire de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEEAC, qui a instruit la commission d’organiser un atelier régional d’harmonisation en vue de l’élaboration d’un protocole relatif à la mise en œuvre de la stratégie régionale intégrée de la gouvernance des frontières de l’Afrique centrale, en cohérence avec les autres actions développées dans le même domaine par d’autres stratégies », a-t-il précisé.
Cependant, malgré ces initiatives, l’intégration régionale reste freinée par des obstacles persistants, notamment les pratiques de barrières tarifaires non réglementées. Ces dernières continuent de constituer un véritable blocage à la libre circulation des personnes et des biens, rendant le développement de l’espace communautaire difficile. Avec la mise en place imminente de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), signée à Kigali en mars 2018, il existe un risque élevé que cet accord rencontre des difficultés si les pratiques policières et douanières aux frontières des États membres ne sont pas améliorées. Ces réformes sont essentielles pour garantir le succès de la ZLECA et permettre un développement économique intégré sur le continent.
Léna Keïra
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