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Disparition d’Aimé Emmanuel Yoka: le Congo perd un pilier de la République.



Le 18 avril 2025, le Congo a perdu une figure majeure de son paysage politique et institutionnel. Aimé Emmanuel Yoka, ancien ministre d’État et gardien de la justice congolaise pendant près d’une décennie, s’est éteint à Rabat, au Maroc, à l’âge de 93 ans. Homme de conviction et de rigueur, sa vie aura été un long chemin de service à la nation, sans jamais fléchir devant les difficultés ni trahir son engagement.



Juriste de formation, Yoka se distingue très tôt par son sérieux et sa maîtrise des enjeux étatiques. Il entre en politique en 1968, comme jeune chef de cabinet au ministère de la Justice. Dès lors, sa trajectoire s’inscrit dans une fidélité constante à l’État congolais. Que ce soit comme maire de Brazzaville à la fin des années 90, alors que la ville sortait des cendres de la guerre, ou comme ambassadeur au Maroc, Aimé Emmanuel Yoka répond toujours présent là où la République a besoin de lui.



Mais c’est surtout à la tête du ministère de la Justice, entre 2007 et 2016, qu’il marque de son empreinte les institutions congolaises. Consterné par l’état du système judiciaire, affaibli par des décennies d’inertie et plombé par des textes hérités de la période coloniale, il initie une série de réformes ambitieuses. Révision des codes civils, modernisation de l’organisation judiciaire, appel à une refonte du cadre juridique économique… Il voulait redonner confiance aux citoyens et rendre la justice accessible, fiable et crédible.



Son rôle dans l’élaboration de la Constitution de 2015 reste un autre moment fort de son parcours. Pour lui, ce texte fondamental devait incarner les valeurs de paix, de dialogue, de solidarité et de justice, et non seulement servir de guide juridique, mais aussi de repère moral pour la société.



Élu député de Vindza en 2012, il s’illustre par sa voix forte et engagée durant la crise du Pool. Il plaide pour une résolution sincère du conflit, appelant à dépasser les intérêts partisans pour retrouver l’unité nationale.



Aimé Emmanuel Yoka n’était pas seulement un haut fonctionnaire ou un politique chevronné. Il incarnait une certaine idée du service public, nourrie par une éthique inébranlable. Il croyait en la capacité de l’État à faire le bien, à condition que ceux qui le dirigent soient guidés par l’intérêt général.



Son décès laisse un vide immense. Le Congo perd un bâtisseur, un homme de loi, un visionnaire. Le président Denis Sassou N’Guesso, qui fut à la fois son chef et son proche parent, perd aussi un compagnon de route fidèle. Mais au-delà des sphères du pouvoir, c’est toute une nation qui salue la mémoire d’un homme dont l’héritage restera gravé dans les institutions et les consciences.




Léna Keïra

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