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L'écrivain Boualem Sansal Condamné à Cinq Ans de Prison en Algérie.

Boualem Sansal, écrivain algéro-français a été condamné ce jeudi 28 mars à cinq ans de prison ferme et à une amende de 500 000 dinars (soit environ 3 730 dollars) par le tribunal correctionnel de Dar El Beida, situé à l'est d'Alger. Ce verdict fait suite à un procès qui s'est tenu le 20 mars dernier, où le représentant du parquet avait requis une peine de 10 ans de prison à l'encontre de l’écrivain de 76 ans.


 

Sansal, qui a choisi de se défendre seul sans avocat, est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, parmi lesquels « atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué », « pratiques de nature à nuire à l’économie nationale » et « détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ». Lors de l’audience, l'écrivain a fermement nié avoir eu l'intention de nuire à l’Algérie par ses écrits. Selon ses propres mots, il « n’a fait qu’exprimer une opinion, comme tout citoyen algérien ». Il a également souligné qu’il « n’a pas pris la mesure de l’atteinte que pouvaient porter aux institutions nationales certaines de ses expressions ».

 


Les propos de Boualem Sansal ont été jugés par les autorités algériennes comme « attentatoires à l’intégrité du territoire national ». Ces déclarations interviennent dans un contexte tendu entre l'Algérie et la France. Depuis que Sansal a été naturalisé français en 2024, son affaire a pris une tournure diplomatique. La France, par l'intermédiaire de son président Emmanuel Macron et d'autres membres du gouvernement, a appelé à sa libération, une position qui exacerbe encore les relations déjà complexes entre les deux pays.


 

Le contentieux historique entre l’Algérie et la France, notamment concernant les questions des archives coloniales, la restitution des biens confisqués aux Algériens, les essais nucléaires effectués en Algérie, et la reconnaissance des crimes coloniaux, reste profondément ancré. De plus, depuis l’été 2024, les relations ont pris un tournant plus difficile, particulièrement après que la France ait reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, ce qui a conduit l’Algérie à retirer son ambassadeur à Paris et à annuler une visite officielle prévue du président Tebboune en France.


 

L’affaire Sansal s'ajoute à un climat de mécontentement croissant, avec la France qui dénonce également le refoulement de migrants en situation irrégulière, comme l'influenceur algérien Doualemn. Ces événements ont nourri des tensions diplomatiques, et le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a menacé de recourir à un « rapport de force » pour défendre les droits des citoyens français.


 

Du côté algérien, le président Abdelmajid Tebboune a exprimé son mécontentement face à ce qu’il considère comme des « déclarations hostiles » de responsables français. Il a qualifié les échanges avec Emmanuel Macron de « perte de temps » et a mis en garde contre un possible « rupture irréparable » entre les deux nations. Selon lui, « Nous avions beaucoup d'espoirs de dépasser le contentieux mémoriel... Mais, plus rien n’avance si ce n’est les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu ».

 


Cette condamnation de Boualem Sansal représente un nouveau chapitre dans les relations entre les deux pays, et son issue pourrait avoir des répercussions profondes sur les relations diplomatiques et les échanges entre l’Algérie et la France.

 




Léna Keïra

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