Le Congo Choisit Senelec pour Réorganiser son Secteur Électrique

Le 13 février 2025, le gouvernement congolais a franchi un nouveau cap dans la réorganisation de son secteur énergétique avec la signature d’une convention d’affermage pour la distribution et la commercialisation de l’électricité. Ce partenariat a été formalisé entre l'État du Congo, représenté par le ministre de l'Énergie et de l’Hydraulique, Emile Ouosso, et la Société Nationale d’Électricité du Sénégal (Senelec), dirigée par Mamadou Mbacké Diop. L’événement s’est déroulé à Brazzaville, à la Primature, sous l’autorité du Premier ministre Anatole Collinet Makosso.

La convention d’affermage, qui a une durée de dix ans, fait suite au décret présidentiel n°2023-1739, publié le 12 octobre 2023, autorisant cette délégation de service public. En choisissant la Senelec, le gouvernement a opté pour une coopération Sud-Sud afin de s'appuyer sur l'expertise du Sénégal dans la gestion et l’amélioration des services d’électricité, un domaine en pleine réforme au Congo.

Cette démarche a conduit à la création de la Société Nationale d’Électricité du Congo, qui sera dirigée par le Sénégalais Pape Toby Guèye. Cette nouvelle entité sera responsable de l'entretien, de la maintenance, ainsi que de l'amélioration de la performance du réseau électrique congolais, avec une attention particulière à la gestion des créances et au suivi des abonnés.

Comme l’a précisé Mamadou Mbacké Diop, directeur général de la Senelec << Les ressources humaines sont très importantes dans le pays à travers E2c. Elles constituent l’essentiel du personnel de la nouvelle société>>. Il a ajouté que, grâce à l’expertise acquise au Sénégal, l’équipe de la Senelec, en collaboration avec les agents de E2c, pourra résoudre rapidement les défis rencontrés par le secteur de l’électricité au Congo << Nous, nous apportons l’expertise d’avoir vécu la même chose, d’être passés par là et Dieu merci, d’avoir pu sortir le Sénégal de là. Nos ingénieurs sont venus plusieurs fois au Congo, ils savent ce qu’il faut faire et avec l’appui des cadres de E2c qui constituent l’essentiel de la Société d’électricité du Congo que nous avons bâtie, je crois que le défi, on va le relever, on va résoudre les problèmes, en procédure d’urgence >>.

Par ailleurs, la société E2c (Énergie Électrique du Congo), qui était jusqu’ici responsable de la distribution et de la commercialisation de l’électricité après la dissolution de la SNE en 2018, retrouvera son rôle d’entité de patrimoine, détenant une participation de 15 % dans le marché énergétique congolais, couvrant la production, le transport et la commercialisation.

Concernant le personnel, celui de E2c sera transféré dans la nouvelle société après un audit. Les cadres et agents concernés conserveront leurs droits et avantages ainsi que leur ancienneté. Le gouvernement met en place des mesures pédagogiques pour aider le personnel à s’adapter à cette transformation, dans le cadre des réformes plus larges entamées depuis l’adoption du code de l’électricité en 2003.

Cependant, des tensions ont surgi au sein des employés de E2c, certains exprimant leur mécontentement par une banderole de protestation déployée à leur direction générale, le jour même de la signature de la convention. Cela souligne les défis à venir pour faire accepter ces réformes au sein des équipes concernées.

Le gouvernement reste engagé à expliquer le bien-fondé de ces changements, soulignant qu’il est impératif de surmonter les obstacles liés aux coupures fréquentes d’électricité et à la gestion aléatoire du service public, qui pénalisent gravement les abonnés. Le pays attend des améliorations substantielles dans la fourniture d’électricité à ses citoyens grâce à ce partenariat stratégique avec la Senelec.

Léna Keïra