RDC: Kinshasa sous les eaux : Inondations et crise urbaine

Le samedi 5 avril 2025, la ville de Kinshasa a été frappée par des pluies torrentielles qui ont causé des inondations catastrophiques, principalement dans le district de Tshangu à l’Est de la capitale. Ce phénomène a non seulement perturbé la vie quotidienne, mais aussi causé des pertes humaines et matérielles considérables. Le bilan officiel fait état de 32 victimes à ce jour, dont six membres d'une même famille à Matadi Kibala, où un mur s'est effondré sous la force des eaux.

Les inondations ont également perturbé l'approvisionnement en eau, en particulier dans la zone de Ndjili, où l'usine de captage de la Regideso est désormais hors service. Cette situation a exacerbé les difficultés pour la population locale, dont de nombreuses familles ont été contraintes d'interrompre des cérémonies funéraires faute de pouvoir accéder aux cimetières, les routes principales étant bloquées par les eaux.

L'impact des inondations va au-delà de la simple perturbation de l'ordre quotidien. La capitale congolaise se trouve plongée dans un chaos qui, selon plusieurs observateurs, était prévisible. En effet, les infrastructures de drainage et l’aménagement urbain de Kinshasa se trouvent dans un état de négligence chronique, ce qui aggrave la vulnérabilité de la ville face à de tels phénomènes naturels. Les autorités urbaines, souvent accusées d'inaction, n’ont pas pu empêcher cette catastrophe, malgré les alertes récurrentes des habitants et des experts sur les défaillances du système.

Face à cette situation, les réactions politiques ont fusé. La coalition politique Lamuka a dénoncé l'absence d'un plan de gestion des catastrophes et de contingence face aux risques d'inondations. Leur porte-parole a insisté sur l'urgence de reloger les sinistrés et de prendre des mesures concrètes pour éviter de futurs drames. D'autres voix, comme celle du candidat à la gouvernance de Kinshasa Deo Kasongo, ont insisté sur la nécessité d'une révision de l'urbanisme de la ville et de la mise en place d’une vision stratégique pour l’avenir.

Dans un élan de solidarité, le gouvernement a annoncé l'installation des personnes déplacées dans un ancien site de logement des athlètes, tandis que l’armée a été mobilisée pour évacuer les personnes piégées dans les zones les plus touchées, notamment sur le boulevard Lumumba.

Le ministre de l’Urbanisme, Crispin Mbadu, a quant à lui évoqué plusieurs mesures pour prévenir de futures inondations, notamment le curage des canalisations, la démolition des constructions illégales et la sensibilisation de la population. Cependant, la véritable question qui demeure est de savoir si ces efforts seront suffisants pour faire face aux défis de l’urbanisation rapide et du climat de plus en plus extrême auquel Kinshasa est confrontée.

Les jours qui suivent détermineront si la ville saura tirer les leçons de cette tragédie et se préparer de manière adéquate aux futures crises. Mais pour l’instant, Kinshasa reste sous le choc, et ses habitants s’interrogent sur la capacité de leurs dirigeants à anticiper et à répondre efficacement aux crises naturelles de plus en plus fréquentes.

Léna Keïra