RDC : Le ministre de la Justice engage des poursuites contre Joseph Kabila pour haute trahison
- Excelsior INFO
- il y a 3 jours
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Le 19 avril 2025, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a ordonné l’ouverture de poursuites judiciaires contre l’ancien président de la République, Joseph Kabila. Ce dernier est accusé, aux côtés de certains de ses proches, de soutenir les groupes armés AFC et M23, actifs dans l’Est du pays et soupçonnés d’être appuyés par l’armée rwandaise.
Dans une note officielle, le ministre a mandaté l’auditeur général des FARDC ainsi que le procureur général près la Cour de cassation pour qu’ils engagent des actions en justice contre Kabila, qui a dirigé la RDC pendant près de deux décennies. L’ordre inclut également la saisie de tous ses biens, et des mesures restrictives ont été prises à l’encontre des membres du PPRD, son parti politique, afin de prévenir tout risque de fuite ou d’effacement de preuves.
Cette mesure judiciaire survient alors que la situation sécuritaire continue de se détériorer dans l'Est du pays. Les affrontements entre les forces gouvernementales et les groupes rebelles ont provoqué d’importantes pertes humaines et de nouveaux déplacements de population. Kinshasa estime que Joseph Kabila a joué un rôle direct dans cette déstabilisation, ce qui constitue un acte de haute trahison.
Dans une décision complémentaire, le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a suspendu les activités du PPRD sur l’ensemble du territoire national. Il accuse le parti de faire preuve de « silence complice » face à l’agression armée menée depuis l’Est et de permettre à son autorité morale, Joseph Kabila, de jouer un rôle trouble dans la guerre.
Plusieurs figures du PPRD avaient déjà été entendues par la justice au cours des dernières semaines, et cette nouvelle mesure marque un durcissement net de la position du gouvernement envers le camp Kabila.
La tension est montée d’un cran avec l’arrivée de Joseph Kabila à Goma le 18 avril. Cette ville du Nord-Kivu est aujourd’hui en grande partie contrôlée par les rebelles. Kabila a déclaré qu’il était revenu pour aider à trouver des solutions à la crise, comme il l’avait mentionné dans une lettre envoyée à Jeune Afrique le 8 avril, dans laquelle il annonçait son retour « sans délai » après plusieurs années de silence et une année passée à l’étranger.
Mais pour le gouvernement, ce retour soulève de nombreuses interrogations. Le porte-parole, Patrick Muyaya, a déclaré depuis Lubumbashi.
« On attend de voir, on attend d'écouter, parce qu'il ne faut peut-être pas présumer certaines choses. Mais ici, il faut savoir d'abord que le président de la République en avait parlé. Il disait que le président, son prédécesseur, était lié à l'AFC depuis plusieurs mois. Maintenant qu'il décide de revenir, je n'ai pas encore la confirmation, on verra ce qui sera dit ».
Du côté du PPRD, on dénonce une persécution politique visant à faire diversion face à l’incapacité du pouvoir actuel à contenir l’avancée des rebelles et à restaurer la sécurité à l’Est.
Léna Keïra
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